L’école à Mindelo vue d‘Erell
Mindelo, c’est au Cap-Vert. On y est restés quatre semaines. Papa et maman rangeaient le bateau pour la transat pour partir au Brésil. Moi pendant ce temps je suis allée à l’école.
Erell devant son école, le « Jardim Vitinho »
C’était une école pour les bébés et jusqu’à 6 ans. Moi j’étais dans la classe des 5-6 ans. L’école, c’était que le matin.
La maîtresse était bien. Elle n’était pas trop sévère. Elle s’appelait Aldina. Elle me parlait en français. J’avais de la chance parce que si elle me parlait en portugais comme aux autres enfants, je ne comprenais rien !
En portugais, j’ai appris « Bom dia, bom dia, como vai você ? Um dia na escola feliz començar ». Ca veut dire « Bonjour, bonjour, comment ça va ? Un jour à l’école, ça commence bien ». C’était une chanson en portugais, je la chantais parfois avec toute la classe.
Je me suis fait 4 copines et un copain. Il y a deux copines qui parlaient un peu français, et sinon les autres je ne leur parlais pas trop, mais je jouais avec eux.
Je faisais des maths, c’était plus facile que les maths du bateau. Par exemple il fallait écrire les chiffres. Je sais compter jusqu’à 7 : « um, dois, três, quatro, cinco, seis, sete ». Le huit, je n’ai pas eu le temps de l’apprendre.
J’avais un goûter, on amenait à manger, des gâteaux, des sandwiches ou des pâtes par exemple et on les mangeait. Papa il m’achetait des croissants ou des palmiers, mais parfois je mangeais des pâtes des autres enfants car je n’avais pas à manger.
La récréation, c’était pas très bien car il y avait beaucoup de cris. Mais sinon c’était bien parce qu’on jouait aux légos ou à d’autres jeux.
Au bout de 3 semaines, on a dû arrêter l’école parce qu’on partait en transat (la transat, c’est une longue navigation pour traverser l’Atlantique). J’étais un peu triste parce que la maîtresse était gentille et que je l’aimais bien. Elle a même fait une photo de classe pour moi qu’elle m’a donnée quand je suis partie, avec un paquet de bonbons. Et j’étais aussi triste de quitter mes copain-copines parce qu’ils étaient gentils et je m’amusais bien avec eux. Mais j’étais quand même un peu contente parce que j’allais pouvoir me réveiller plus tard (NDLR : effectivement, l’école était à 8h et on devait donc se lever à 6h30, trop dur ;-)).
Cherchez Erell !
Erell
L’école à Mindelo vue de Mélisse
Un jour, papa est parti du bateau, il ne m’avait pas dit ce qu’il allait faire. En revenant, il a dit : « Mission accomplie, j’ai inscrit les filles à l’école ! ». Et je me suis mise à crier de colère et à jeter des affaires dans le bateau (NDLR : on n’avait jamais vu Mélisse dans cet état !). Car je n’avais pas du tout envie d’y aller. Je ne savais pas comment ça allait se passer, si l’instituteur était sévère…
L’après-midi, papa m’a montré l’école. Elle était jaune, comme toutes les écoles du Cap-Vert. Le mur qui donnait sur la rue était tout tagué. Elle était en face de la maison de Césaria Evora, une grande chanteuse du Cap-Vert.
Le premier matin, en arrivant à l’école, je me retenais de pleurer. Et quand la maîtresse m’a montré ma place, tous les élèves m’ont sauté dessus. Ils me parlaient en portugais et je ne comprenais rien. Ma maîtresse, Crémilde, parlait un peu français. Elle m’a présenté à toute la classe et elle m’a donné le nom de tous les élèves. Je n’en avais retenu que 2 : Christian (ça se prononce « Christiane ») et Isabella. J’ai été assise à côté de Zahira et de Elaine (ça se prononce « Ela-ine » : en portugais on prononce toutes les lettres).
La classe où j’étais s’appelait la « seconda », c’était l’équivalent du CE1. En France je suis en CE2, mais comme ça c’était moins difficile. On faisait des cours de « lingua portuguesa », de « matématica », des « Ciencias integradas »… J’ai écrit beaucoup : j’ai fini plusieurs petits cahiers en trois semaines. Tout était en portugais, mais comme le portugais est une langue latine qui ressemble au français, j’ai quand même compris quelques trucs. Mais pas assez pour tout faire toute seule. Je ne faisais pas tout ce qu’ils faisaient parce que je n’avais pas tous leurs manuels. Quand ils faisaient leur manuel, parfois la maîtresse me prenait à part pour faire du portugais avec moi, je faisais les maths avec ma voisine, ou sinon je faisais toute seule mes maths du bateau ou du portugais. L’après-midi, quand j’étais revenue de l’école, avec papa ou maman, on essayait de comprendre et de répéter les leçons que j’avais écrites le matin. Et au fur et à mesure, je comprenais de plus en plus de mots. Je pouvais plus parler avec les gens et mieux comprendre ce que me disaient mes copines. Par exemple, vers le début, elles m’avaient dit « ta tam botem ». J’avais compris « t’as un grain de beauté ». Du coup je leur montrais mes grains de beauté. Plus tard, dans un aluguer à Santo Antão, Papa et Maman discutaient avec un monsieur du créole cap-verdien et j’ai compris que « tanto años bo tem » voulait dire « quel âge as-tu ».
Avant d’aller à la récréation, on mangeait un goûter : les élèves amenaient leur goûter mais des pâtes ou du riz étaient aussi fournis par l’école. Une fois par semaine, la maîtresse donnait un comprimé aux élèves (NDLR : nous avons compris que c’était un complément alimentaire). Après nous allions dans la cour de récréation. Au début, tous les élèves étaient autour de moi et c’était un peu fatigant. Au bout d’une semaine, il n’y avait plus que mes copines avec moi. Ouf.
En rentrant de la récréation, nous montions les escaliers et arrivions dans un petit couloir. Comme la maîtresse n’arrivait pas tout de suite, tout le monde jouait dans le couloir à se bagarrer, c’était amusant.
Parfois, la maîtresse sortait de la classe pendant que les élèves faisaient leurs exercices, et alors « blablabla » par ci « blablabla » par là, voilà qu’on se dispute, qu’on jette les trousses des autres ouvertes, qu’on renverse les bureaux avec tout le matériel des autres dessus, qu’on jette les cahiers ce qui déchire les feuilles… Une fois, quand la maîtresse est revenue, tous les élèves se sont vite rassis à leur place, sauf un qui ne l’avait pas vue revenir. La maîtresse lui a demandé d’aller au tableau pour le taper sur le bras avec un bout de bois. Du coup, il a dénoncé les autres. Les autres enfants dénoncés en ont dénoncé d’autres qui n’avaient rien fait. La maîtresse, au fur et à mesure, faisaient venir les enfants dénoncés. A la fin, presque toute la classe était à la queue leu leu devant le tableau pour se faire taper sur les bras. Certains pleuraient, d’autres faisaient les malins.
Dans cette école, je me suis fait trois copines. Avant de partir, je leur ai fait des cadeaux. Ma meilleure copine Zahira m’a fait un cadeau, ainsi qu’à Erell. La veille de notre départ en transat, je suis allée au catéchisme et à l’église avec elle. Après, on est allés à la plage, manger chez elle, manger des glaces et la maman de Zahira nous a acheté des petits gâteaux pour la traversée.
Avec Zahira (à gauche) à la sortie de l’école
Efin bref, j’ai bien aimé l’école à Mindelo !
Mélisse
Quelques photos complémentaires de notre vie à Mindelo ici.
Et les albums-photos, non encore cités dans un article précédent, de nos visites à Maio et à São Nicolau.
Flora.
6 réponses
Ophélie
Coucou les filles ! J’imagine bien que ça devait être impressionnant au début d’aller à l’école dans un pays que l’on ne connait pas bien… Bravo, vous avez été bien courageuses et au final, j’en comprends que ça a été une belle expérience ! En plus, vous mangiez des pâtes et du riz pour le goûter alors que demander de plus 🙂 Je vous embrasse très très fort les filles et maintenant explorez bien le nouveau pays dans lequel vous venez de débarquer.
Manou
Terrible reportage en direct ! « mais parfois je mangeais des pâtes des autres enfants car je n’avais pas à manger ». Une enfant française voyageant en bateau au Cap-Vert dit avoir mangé au goûter de l’école maternelle les pâtes de ses petits collègues, car son papa ne lui achetait pas tous les jours un croissant ou un palmier. Heureusement que le partage est une valeur bien partagée en Afrique… Mais à quoi pensait ce papa ? On veut bien qu’il ait été fatigué de se lever tôt le matin pour emmener ses enfants et qu’il ait craint que ses filles n’arrivent en retard à l’école, mais quand même ! Ha ha ha, les filles, bravo pour vos reportages, on est complètement dans l’ambiance, bravo pour avoir franchi la difficulté de la langue et pour avoir appris tout ça. Mélisse, est-ce que tu as été parmi les dénoncés ? Est-ce que tu as été tapée avec le bâton toi aussi ? Je n’ai pas l’impression… T’as vu, ça rigole pas l’école dans d’autres pays ! Je crois qu’avec cette expérience, au Brésil vous allez pouvoir comprendre plus de mots et faire de belles rencontres aussi. Merci et BIG BISOUS.
Inès et Julian Bidault
Coucou les filles!!!
Ça a l’aire chouette l’école au cap vert.
Ici il fait très chaud (37 degrés)! heureusement, c’est bientôt les vacances !!!
On espère pouvoir vous rejoindre l’hiver prochain.
Bisous
Inès et Julian
Annick Lafond
Bravo bravo, à tout l’équipage que je ne connais pas forcément mais qui a l’air très actif devant l’apéro !!!!!!
Bravo aux filles pour les études de langues.
et bravo au ou aux photographes, les photos sont superbes, ça fait du bien .
Je suis allée voir mamie Claude qui va très bien et qui parle bien de vous.
Bon vent et profitez pleinement de votre voyage. Bisous bisous
Edith
Superbe, ce reportage sur l’école au cap vert fait à deux voix,!
Quel apprentissage de la vie!et en plus , vous arrivez à vous faire de amies!!
Bon, et maintenant, que vous réservent les écoles brésiliennes? Hâte de savoir comment se passe la classe, et les goûters!!
Trop belles, vos photos!! Et sûr que c’est pas dû qu’au bel appareil, mais à l’art de la, ou le photographe!!
Visitez, visitez, rencontrez, découvrez, qu’on se régale à vous lire!!
Des bisous chauds brûlants!!( 36 degrés!!) Et chez vous?
Mamilo
J’ai vécu en direct le début de cette belle aventure scolaire, en particulier la réaction de Mélisse lorsqu’ Aurélien lui a expliqué en quoi consistait la » mission accomplie » ! C’était une super idée, même si au départ c’était difficile pour Mélisse d’être le centre de toutes les curiosités …
Moi aussi, je me suis retenue de pleurer, lorsque je vous ai déposées toutes les deux à l’école, le jour de mon départ de Mindelo !
Bravo et merci mes chéries pour ce reportage qui montre que vous vous êtes très vite adaptées !